La haine sans raison rencontre l'amour intentionnel

 
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Le calendrier juif est rempli de célébrations, mais il nous met également au défi de faire face à nos peines et à nos défauts. Cette année, le 27 juin marque le début du jeûne de Tammuz (la période des Trois Semaines de deuil en souvenir de la destruction de Jérusalem et du Temple), et de Bein hametzarim (qui signifie « dans la période critique » entre le 17 Tammouz et le 9 av).  Ces dates commémorent l'ouverture par les Romains d'une brèche dans les murs de Jérusalem en l’an 70 de notre ère et la destruction du second Temple le jour de Ticha b'Av (c'est le 9 du mois d'Av, qui correspond aux 17 et 18 juillet). 

Les mots peuvent difficilement décrire l'horreur abjecte qui s'est abattue sur Israël lorsque le Temple fut complétement détruit. Notre identité en tant que peuple élu était mise en doute et notre avenir en tant que nation remis en question.  Parmi le peuple juif religieux, cet événement est considéré comme la pire tragédie qui soit, une tragédie dont on se souvient en observant un deuil intense, un long jeûne et un profond repentir. 

Pourquoi le repentir ? Selon un enseignement rabbinique peu connu, Israël a commis un péché particulier qui a conduit à cette tragédie, un péché nommé « haine sans raison ».  Voyez-vous, il y avait une division si profonde parmi le peuple juif de l'époque, une telle rancœur, une telle désunion et une telle hostilité des uns envers les autres, que les rabbins enseignaient que nous avions provoqué cette tragédie. En d'autres termes, le fait de se haïr sans raison a conduit à la destruction de notre plus grand trésor national - l'institution même qui était censée nous avoir unis en tant que peuple. 

Je vais peut-être offenser certains, mais il me semble que la rancœur, la désunion et l'hostilité que nous observons aujourd'hui – même chez certains chrétiens – ne sont pas très différentes de celles du peuple d'Israël au 1er siècle.  Sommes-nous également témoins d'une époque de haine sans raison ?

Je ne parle pas de désaccords naturels qui peuvent survenir entre chrétiens, mais de la manière dont nous sommes tentés de réagir face à des frères et sœurs qui ne sont pas d'accord avec nous. Je ne parle pas non plus de la haine du péché. Je pense plutôt à la façon dont notre amour pour la justice de Dieu peut subtilement se transformer en attitude moralisatrice ou en mépris.

Dans les générations précédentes, des tragédies comme la pandémie de Covid 19 auraient peut-être encouragé à l'unité et au rassemblement contre l'ennemi commun.  Ce n'est pas le cas cette fois-ci.  La tragédie de cette pandémie a plutôt conduit à une division encore plus grande, à des accusations et à des injures et – oui – à une haine sans raison. 

Je ne sais pas où mènera ce climat de division, mais je n'ai pas encore vu la tragédie de la Covid 19 unir les gens – et cela devrait être très préoccupant pour nous tous dans la famille de Dieu.  Nous sommes peut-être plus proches que nous ne le pensons de ce à quoi la nation d'Israël a été confrontée dans la dernière partie du 1er siècle. Je ne dis pas que nous sommes tous coupables de haine sans raison, mais que faisons-nous pour la surmonter? Est-il même possible de surmonter le climat actuel de division et de rancœur ?  Probablement pas sans une œuvre surnaturelle de Dieu – et je pense que cela doit commencer parmi nous, en tant que peuple qui prétend être le sien.

La haine sans raison ne peut être vaincue que par l'amour intentionnel. Jésus est venu sur terre en incarnant cet amour et si nous voulons vaincre la haine, nous devons nous identifier à Jésus. «  Celui qui dit qu'il est dans la lumière, et qui hait son frère, est encore dans les ténèbres. Celui qui aime son frère demeure dans la lumière, et aucune occasion de chute n'est en lui  » (1 Jean 2.9-10). Ce genre d'amour permet de reconnaitre les disciples de Jésus (Jean 13.35).

La majorité des Juifs ne pense pas beaucoup aux événements de l'an 70. La plupart n'observent plus les coutumes de deuil, de jeûne et de repentance pour la destruction du Temple.  La nation juive  souffre d'amnésie collective et cela se voit.

 

Aucune autre nation qu’Israël n’a connu autant d’échecs et de tentatives infructueuses dans la formation de son gouvernement. Israël a beaucoup de mal aujourd’hui à se rassembler en tant que nation. Nous devrions peut-être y voir le reflet de notre situation actuelle.

 

Heureusement, nous finirons par sortir de la crise engendrée par la pandémie, mais parviendrons-nous à surmonter celle bien plus grave de la haine sans raison ? Alors que les vaccins commencent à faire effet, quelles leçons pouvons-nous tirer d'Israël et de ses nombreuses souffrances ?  Comment nous souvenir de cette tragédie afin de ne pas tomber dans le piège de la célèbre maxime de Santayana : « Ceux qui ne peuvent se rappeler le passé sont condamnés à le répéter » ?

Nous devons garder en mémoire les difficultés afin de diriger nos regards sur ce qui est le plus important et de modeler nos attitudes à l’égard des autres, qu'il s'agisse de croyants ou non.

Les paroles de Paul nous rappellent qu'il ne faut pas sous-estimer la valeur des moments difficiles.

«  Je me réjouis à cette heure, non pas de ce que vous avez été attristés, mais de ce que votre tristesse vous a portés à la repentance ; car vous avez été attristés selon Dieu, afin de ne recevoir de notre part aucun dommage. En effet, la tristesse selon Dieu produit une repentance qui conduit au salut dont on ne se repent jamais, tandis que la tristesse du monde produit la mort » (2 Corinthiens 7.9).

Jésus est venu apporter la vie en abondance et Lui seul peut produire en nous l'amour qui surmonte la haine.  Il s'est tenu devant le 2ème Temple et a déclaré : « Détruisez ce Temple et en trois jours je le relèverai  » ( Jean 2.19). La tragédie de la mort du Sauveur a surmonté la tragédie de la destruction du Temple. Jésus est mort pour établir l'amour intentionnel, un amour qui produit un repentir douloureux qui mène au salut. Alors que nous vivons l'Évangile et faisons connaître la vérité du Messie en paroles et en actes, manifestons ce même amour intentionnel qui a envoyé Jésus à la croix et dont la puissance l'a ressuscité d'entre les morts !